Chers Lecteurs et Lectrices,
Mardi 24
Mars 2015. Presque 1 mois jour pour jour que je vous avais promis la fin de l’épisode #1.
‘Quel crime abominable!’ dirait La Fontaine... Bien, rien ne saurait
valablement justifier une telle irrévérence à votre endroit ; souffrez
simplement que j’évoque les nombreuses contraintes liées à la mise en place de
mon entreprise, mes obligations professionnelles (dans mon rôle de consultant
en Product Management) et, dans une certaine mesure, la longue hésitation qui
était mienne quant à l’opportunité de publier ce billet. En effet, ce billet
m’est apparu comme potentiellement riche en entretiens strictement privés que
je ne souhaitais guère dévoiler par respect et courtoisie envers les
différentes personnes y impliquées.
C’est à la
suite d’un échange très touchant avec une de mes lectrices récemment que j’ai
réalisé ce que ce partage d’expérience pouvait représenter pour certains
d’entre vous. Cela m’a donné la force de reprendre à nouveau la plume le
week-end dernier pour vous servir la suite de mes aventures. Your boy Charles
is back, people!
Derniers soubresauts…
Apres avoir
mené les consultations évoquées dans le billet précédent, j’avais pris la ferme
décision de démissionner. La prochaine étape était naturellement de rencontrer
toute la chaine hiérarchique au sein de mon département pour les en informer.
Pourtant, entre cette étape décisive et la précédente, plusieurs semaines se
sont écoulées. Hésitations de dernière minute? Nenni. Indécision? Point du
tout! Lisez plutôt !
La dernière lueur d’espoir: Make The Music
Il se
trouve qu’au moment de partager ma décision, par un pur hasard de calendrier,
la compagnie préparait le concours de musique en ligne ‘Make
The Music’. J’avais été choisi comme point focal dans notre unité; le challenge
me paraissait plutôt tentant et valant réellement la peine d’être relevé.
Le concept
Make The
Music était le volet Musique du programme ‘YEP’ de la compagnie (programme
Jeune comprenant aussi un volet Sport et un volet Leadership). Il s’agissait
concrètement de mettre sur pied une plateforme digitale qui devait permettre à
des jeunes talents ‘Underground’ d’exposer leurs œuvres au grand public. Le
public, à son tour, grâce à ses votes devait choisir ses artistes préférés,
pour un accompagnement matériel futur (production, clip, argent, …).
Le
challenge était grand, le projet sans précédent, l’impact évident, l’aspect
digital clairement mis en avant. C’était la main de Dieu, la bouée de secours,
la thérapie parfaite pour tempérer mes ardeurs les plus folles du moment.
Le
déroulement
Ce projet a
été l’un des moments les plus importants de ma carrière professionnelle. Du
début jusqu’à la fin, ce fut une expérience humaine formidable :
- La manière peu orthodoxe avec laquelle le CMO (Directeur Marketing) de l’époque m’avait choisi. Il est entré dans notre ‘Open-space’ :‘Who is doing VAS here?’. On lui donne des noms de collègues malheureusement absents. Puis il rajoute: ‘But who can handle a music project here?’ Tous les présents (moi-même y compris) ont pensé à voix-basse: ‘Charles!’, jusqu’à ce que la ‘courageuse’ du groupe finisse par donner mon nom.
- Pendant tout le projet, avec mes amis (je pèse mes mots) de l’équipe Digital & Innovation, nous avions les mains libres et le pouvoir d’initiative. Nous avions des entrevues régulières, directes et informelles avec le CMO. Il faisait entièrement confiance à notre expertise, et nous étions en retour très admiratifs de son flair et ses idées innovantes comme manager.
- Nous avons passé des nuits blanches en équipe et en bonne intelligence avec les amis du segment ‘Consommateurs’ et les développeurs de la plateforme.
Je ne
pourrais jamais oublier cette nuit de mise en production de la plateforme! Ce
vendredi soir… Le CMO était rentré en déléguant la décision du lancement
officiel à notre manager. Notre manager est aussi rentré, nous confiant le soin
de lui rendre compte et juger nous-mêmes de l’opportunité du lancement après
tests et vérifications. Cela avait été tellement rare pour nous de se voir
ainsi confier les manettes pour des sujets aussi stratégiques.
Ce soir-là,
nous étions restés à trois au Marketing; les trois membres de l’équipe Digital
& Innovation, trois jeunes et trois amis avant tout. En face de nous, les
développeurs en attente du ‘Go’ final. Dans un conclave informel, chacun de
nous a pris la parole pour donner son avis et collectivement, nous avons décidé
du lancement. Rapport a été fait, le site a été mis en ligne, la communication
digitale enclenchée, et les parties-prenantes dument informées. Ce soir-là,
nous avions été les acteurs de la ‘révolution’, aussi minime fut-elle. J’étais
personnellement rentré avec cette joie au cœur, ce sentiment d’être enfin dans
un costume à ma mesure, d’être dans le cœur même de l’idée que je me faisais de
ma fonction.
Les jours
suivants, les chiffrent ne cessaient de grimper, pour finalement dépasser nos
attentes les plus optimistes. Ma vie professionnelle recommençait à avoir un
sens, c’était une victoire sur moi-même. Le grand boss nous chouchoutait,
l’émotion et la jouissance étaient à leur comble, le temps de ce projet…
La fin des illusions
Comme tous
les projets au monde, il y eut un début et une fin. La compétition musicale
étant lancée, les inscriptions en cours, les jurys étant à pied d’œuvre, mon
contrat sur le projet était rempli. La prochaine étape était donc naturellement
de retourner à ses ennuyeuses casseroles habituelles sans grand intérêt
historique (les e-mails, factures, courses aux contrats, …). Mon enseignant de
Chimie de 1ere dirait ‘après passage de l’étincelle dans l’eudiomètre et retour
aux Conditions Normales de Température et de Pression (CNTP)’.
‘Boss, I have got something to tell you’
Le Manager
1 à 2
semaines après la fin du projet, j’ai donc recommencé à transpirer l’ennui et
le laxisme. A tel point que le jour où j’ai fini par solliciter un entretien
avec le manager, le sujet paraissait presqu’évident, et la discussion ne fut
pas bien longue. Il s’est essentiellement agi de confirmer si j’avais mûri la
réflexion. Cette matinée-là, j’ai exposé mes motifs, j’ai également écouté avec
attention sa lecture de mon problème et je n’ai pas manqué d’admettre ma part
d’insuffisances quant à la situation qui avait cours. J’ai ensuite déposé la
lettre de démission que j’avais formulée la veille, lettre que j’avais voulue
expressément manuscrite (car un manuscrit est à mon avis moins formel et porte
une charge émotionnelle plus importante).
Le Grand boss
En début
d’après-midi, j’apprends avec un peu de surprise que le grand Boss veut me voir
immédiatement (j’étais moi déjà rentré à la maison dormir, par pur laxisme
convenons-en). Je me suis mis à recenser rapidement tous les feedbacks qu’il
pourrait me demander, car je doutais de ce que quelqu’un au pied de l’échelle
comme moi puisse faire l’objet d’attention du boss.
Bref, peu
de temps après ma convocation, me voilà dans son bureau. Lui me demandant ce
qui ne va pas. Toujours loin d’imaginer que le sujet de ma présence c’est ma
démission, je me mets donc naïvement à énumérer les statuts des projets que
nous avions ensemble. D’un ton rieur, il me dit que ce n’est pas exactement de
cela qu’il souhaiterait me parler. Il aborde alors LE sujet avec un regard et
une gestuelle dignes de Robert de Niro dans le film Casino : ‘Charles, why do
you want to leave us? We have so much to do together !’. S’ensuit alors un
argumentaire sur les réalités du monde de l’emploi et il achève sur le fameux
‘What do you want ?’. Fort de mon expérience récente sur Make The Music, j’ai
clairement dit que la seule condition à laquelle je pourrais rester serait que
je ne sois utilisé que dans des projets (innovants de préférence – Special
Projects). Je n’en pouvais plus de mes ennuyeuses casseroles habituelles sans
grand intérêt historique. Nous avions donc fait un deal pour une solution
intermédiaire que je ne peux révéler ici (secret de la conversation). Toujours
est-il que ma part du deal consistait à retirer ma démission et attendre la
manifestation de l’Esprit (entendez que l’autre fasse sa part du deal).
Je levai les yeux vers le Ciel, point de Colombe
Après mon
entretien, je suis sorti faire mon compte rendu au manager. Une fois de plus je
ne puis dévoiler cette conversation ici, mais à ses mots, j’ai senti que nous
ne partagions pas le même diagnostic sur mon problème et a fortiori les mêmes
solutions. Il flottait donc dans ma tête comme un parfum de ‘Tu viens de perdre
ton pari’. Déjà que j’étais dans le doute sur ma capacité à imposer un deal à
un grand boss, si je ne pouvais compter sur mon manager pour m’appuyer, c’etait
clairement la fin.
Pendant les
2 semaines et plus qui ont suivi, je levai les yeux vers le Ciel: point de
Colombe ; aucune manifestation de l’Esprit, point de signe venant des cieux.
‘Boss, I have REALLY got something to tell you: Goodbye!’
Le
département des ressources humaines a été mis à contribution et nous avons
décidé d’un plan de passation de services avec mes collègues de l’unité. Je me
suis rendu disponible pour aider les autres à mieux comprendre mes tâches
habituelles et leur partager ma modeste expertise sur mes produits.
J’ai eu des
entretiens finaux avec différents niveaux hiérarchiques, ils ont chacun exprimé
leurs regrets de me voir partir, et m’ont donné leur bénédiction et des
recommandations importantes pour la suite de ma carrière.
Goodbye Team
Considérant
d’abord la collaboration professionnelle comme une expérience humaine, je me
suis fait le devoir de communiquer à chacun des membres de mon unité les
raisons profondes de mon départ. Je ne voulais pas d’ambiguïté, et surtout il
fallait que mon aventure puisse éventuellement les aider pour le reste de leur
séjour dans la maison.
Nous avons
eu un diner d’Adieu vraiment décontracté et j’ai eu grand plaisir de voir
l’image de cette équipé beaucoup moins tétanisée qu’elle en avait l’habitude.
Goodbye Yello Family!
Au-delà du
diner en équipe, j’avais tenu à convier toutes les unités avec lesquelles
j’avais interagi pendant mon séjour pour dire officiellement ‘Au revoir’ et
formuler mes remerciements. En entrant dans cette compagnie, j’avais cette
ferme conviction que les relations humaines étaient plus importantes que les
relations professionnelles. Je n’avais pas changé, je n’avais pas changé d’avis
non plus.
Ainsi donc,
nous bûmes et mangeâmes à satiété, y compris les fameuses brochettes de poisson
pané de Bonifacios que j’avais rendu populaires au sein de tout le bâtiment.
Nous nous sommes dit Au revoir de la plus belle des manières : de commun accord
mais avec quelque remord.
‘Welcome To The New World!’
Pour vous
dire à quel point la ‘séparante’ fut joyeuse, peu avant mon départ, j’ai été
très fortement recommandé à une entreprise en tant que consultant en Product
Management.
J’ai
immédiatement commencé à travailler avec eux et nous somme tombés d’accord sur
une méthode de travail basée sur un chronogramme. En peu de temps, l’espace
d’une transition, je suis donc redevenu maître de mon emploi du temps,
totalement libre d’initiative sur les produits de cette entreprise (en tant que
consultant principal) tout en maintenant un certain niveau de vie.
Apres 2
mois et demi de travail avec eux, nous étions rendus en Décembre, mariage de ma
grande sœur en vue. J’en ai donc profité pour solliciter une petite trêve,
histoire d’envisager ma nouvelle vie d’homme libre juste après. Nouveau voyage
pour New-York donc au milieu du mois, 30 jours pour aller faire le beau avec
son costume de garçon d’honneur, prendre une cavalcade de Photos et remplir sa
page Facebook.
Séjour
magnifique (malgré la rudesse de l’hiver) : pas de délestages, pas de coupure
d’eau, pas de mototaxi, les gens super-sympas… Tout ça avec la perspective de
rentrer après au pays bosser avec des horaires de grand patron, gagner
l’argent, commencer à faire des plans de vie dans le plus grand des calmes. Bref,
en mode ‘Life is Good!’
‘Welcome To The REAL World!’
L’histoire
aurait pu se terminer au paragraphe précédent. J’aurais alors été entrain de
vous parler, du haut de ma réussite after-MTN, des clés du succès pour les
‘suiveurs’ que vous êtes (Référence au thème des suiveurs de @MessyDawn). Mais
non, la vie n’est malheureusement pas aussi linéaire.
Peu de
temps après mon arrivée à NY, je reçois un appel du Cameroun :
- Elle: Allo Charles ? Tu es bien arrivé?
- Moi: Oui, très bien. Il fait un peu froid, mais je m’y attendais
- Elle: J’ai une bonne nouvelle a t’annoncer..
- Moi: Je ne t’ecoute pas tres bien
- Elle: On va avoir #$^&^& BB
- Moi: Tu dis quoi ? J’entends pas…
- Elle: Je dis que tu vas #$^()(&
- …
Est-ce
qu’elle vient juste de m’annoncer ce que j’ai cru comprendre ?????!!!! Wow
!
Bref, Welcome To The Real World, Charles!
Allez, A la prochaine!
@charlyscott237
P.S:
J’aimerais dédier ce billet à deux lectrices Manuella et Murielle qui m’ont
motive a poursuivre ce partage, ainsi que Pierre Christian, Gaetan et Arnaud
qui m’ont motive aussi (meme si c’était de manière un peu moins subtile :)).
Félicitations Futur Papa leader...
ReplyDelete:-) ...
ReplyDeleteInteresting ....
Ah ben félicitations le papoune. Pour le reste, very interesting, on attends la suite. Décicément de la belle matière pour un bouquin.
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