Monday, March 23, 2015

Episode #1: Séparation à l'amiable (Suite et Fin)

Chers Lecteurs et Lectrices,


Mardi 24 Mars 2015. Presque 1 mois jour pour jour que je vous avais promis la fin de l’épisode #1. ‘Quel crime abominable!’ dirait La Fontaine... Bien, rien ne saurait valablement justifier une telle irrévérence à votre endroit ; souffrez simplement que j’évoque les nombreuses contraintes liées à la mise en place de mon entreprise, mes obligations professionnelles (dans mon rôle de consultant en Product Management) et, dans une certaine mesure, la longue hésitation qui était mienne quant à l’opportunité de publier ce billet. En effet, ce billet m’est apparu comme potentiellement riche en entretiens strictement privés que je ne souhaitais guère dévoiler par respect et courtoisie envers les différentes personnes y impliquées.
C’est à la suite d’un échange très touchant avec une de mes lectrices récemment que j’ai réalisé ce que ce partage d’expérience pouvait représenter pour certains d’entre vous. Cela m’a donné la force de reprendre à nouveau la plume le week-end dernier pour vous servir la suite de mes aventures. Your boy Charles is back, people!

Derniers soubresauts…


Apres avoir mené les consultations évoquées dans le billet précédent, j’avais pris la ferme décision de démissionner. La prochaine étape était naturellement de rencontrer toute la chaine hiérarchique au sein de mon département pour les en informer. Pourtant, entre cette étape décisive et la précédente, plusieurs semaines se sont écoulées. Hésitations de dernière minute? Nenni. Indécision? Point du tout! Lisez plutôt !

La dernière lueur d’espoir: Make The Music


Il se trouve qu’au moment de partager ma décision, par un pur hasard de calendrier, la compagnie préparait le concours de musique en ligne ‘Make The Music’. J’avais été choisi comme point focal dans notre unité; le challenge me paraissait plutôt tentant et valant réellement la peine d’être relevé.

Le concept

Make The Music était le volet Musique du programme ‘YEP’ de la compagnie (programme Jeune comprenant aussi un volet Sport et un volet Leadership). Il s’agissait concrètement de mettre sur pied une plateforme digitale qui devait permettre à des jeunes talents ‘Underground’ d’exposer leurs œuvres au grand public. Le public, à son tour, grâce à ses votes devait choisir ses artistes préférés, pour un accompagnement matériel futur (production, clip, argent, …).
Le challenge était grand, le projet sans précédent, l’impact évident, l’aspect digital clairement mis en avant. C’était la main de Dieu, la bouée de secours, la thérapie parfaite pour tempérer mes ardeurs les plus folles du moment.

Le déroulement

Ce projet a été l’un des moments les plus importants de ma carrière professionnelle. Du début jusqu’à la fin, ce fut une expérience humaine formidable :
  1. La manière peu orthodoxe avec laquelle le CMO (Directeur Marketing) de l’époque m’avait choisi. Il est entré dans notre ‘Open-space’ :‘Who is doing VAS here?’. On lui donne des noms de collègues malheureusement absents. Puis il rajoute: ‘But who can handle a music project here?’ Tous les présents (moi-même y compris) ont pensé à voix-basse: ‘Charles!’, jusqu’à ce que la ‘courageuse’ du groupe finisse par donner mon nom.
  2. Pendant tout le projet, avec mes amis (je pèse mes mots) de l’équipe Digital & Innovation, nous avions les mains libres et le pouvoir d’initiative. Nous avions des entrevues régulières, directes et informelles avec le CMO. Il faisait entièrement confiance à notre expertise, et nous étions en retour très admiratifs de son flair et ses idées innovantes comme manager.
  3. Nous avons passé des nuits blanches en équipe et en bonne intelligence avec les amis du segment ‘Consommateurs’ et les développeurs de la plateforme.

Je ne pourrais jamais oublier cette nuit de mise en production de la plateforme! Ce vendredi soir… Le CMO était rentré en déléguant la décision du lancement officiel à notre manager. Notre manager est aussi rentré, nous confiant le soin de lui rendre compte et juger nous-mêmes de l’opportunité du lancement après tests et vérifications. Cela avait été tellement rare pour nous de se voir ainsi confier les manettes pour des sujets aussi stratégiques.
Ce soir-là, nous étions restés à trois au Marketing; les trois membres de l’équipe Digital & Innovation, trois jeunes et trois amis avant tout. En face de nous, les développeurs en attente du ‘Go’ final. Dans un conclave informel, chacun de nous a pris la parole pour donner son avis et collectivement, nous avons décidé du lancement. Rapport a été fait, le site a été mis en ligne, la communication digitale enclenchée, et les parties-prenantes dument informées. Ce soir-là, nous avions été les acteurs de la ‘révolution’, aussi minime fut-elle. J’étais personnellement rentré avec cette joie au cœur, ce sentiment d’être enfin dans un costume à ma mesure, d’être dans le cœur même de l’idée que je me faisais de ma fonction.
Les jours suivants, les chiffrent ne cessaient de grimper, pour finalement dépasser nos attentes les plus optimistes. Ma vie professionnelle recommençait à avoir un sens, c’était une victoire sur moi-même. Le grand boss nous chouchoutait, l’émotion et la jouissance étaient à leur comble, le temps de ce projet…

La fin des illusions


Comme tous les projets au monde, il y eut un début et une fin. La compétition musicale étant lancée, les inscriptions en cours, les jurys étant à pied d’œuvre, mon contrat sur le projet était rempli. La prochaine étape était donc naturellement de retourner à ses ennuyeuses casseroles habituelles sans grand intérêt historique (les e-mails, factures, courses aux contrats, …). Mon enseignant de Chimie de 1ere dirait ‘après passage de l’étincelle dans l’eudiomètre et retour aux Conditions Normales de Température et de Pression (CNTP)’.

‘Boss, I have got something to tell you’


Le Manager


1 à 2 semaines après la fin du projet, j’ai donc recommencé à transpirer l’ennui et le laxisme. A tel point que le jour où j’ai fini par solliciter un entretien avec le manager, le sujet paraissait presqu’évident, et la discussion ne fut pas bien longue. Il s’est essentiellement agi de confirmer si j’avais mûri la réflexion. Cette matinée-là, j’ai exposé mes motifs, j’ai également écouté avec attention sa lecture de mon problème et je n’ai pas manqué d’admettre ma part d’insuffisances quant à la situation qui avait cours. J’ai ensuite déposé la lettre de démission que j’avais formulée la veille, lettre que j’avais voulue expressément manuscrite (car un manuscrit est à mon avis moins formel et porte une charge émotionnelle plus importante).

Le Grand boss


En début d’après-midi, j’apprends avec un peu de surprise que le grand Boss veut me voir immédiatement (j’étais moi déjà rentré à la maison dormir, par pur laxisme convenons-en). Je me suis mis à recenser rapidement tous les feedbacks qu’il pourrait me demander, car je doutais de ce que quelqu’un au pied de l’échelle comme moi puisse faire l’objet d’attention du boss.
Bref, peu de temps après ma convocation, me voilà dans son bureau. Lui me demandant ce qui ne va pas. Toujours loin d’imaginer que le sujet de ma présence c’est ma démission, je me mets donc naïvement à énumérer les statuts des projets que nous avions ensemble. D’un ton rieur, il me dit que ce n’est pas exactement de cela qu’il souhaiterait me parler. Il aborde alors LE sujet avec un regard et une gestuelle dignes de Robert de Niro dans le film Casino : ‘Charles, why do you want to leave us? We have so much to do together !’. S’ensuit alors un argumentaire sur les réalités du monde de l’emploi et il achève sur le fameux ‘What do you want ?’. Fort de mon expérience récente sur Make The Music, j’ai clairement dit que la seule condition à laquelle je pourrais rester serait que je ne sois utilisé que dans des projets (innovants de préférence – Special Projects). Je n’en pouvais plus de mes ennuyeuses casseroles habituelles sans grand intérêt historique. Nous avions donc fait un deal pour une solution intermédiaire que je ne peux révéler ici (secret de la conversation). Toujours est-il que ma part du deal consistait à retirer ma démission et attendre la manifestation de l’Esprit (entendez que l’autre fasse sa part du deal).

Je levai les yeux vers le Ciel, point de Colombe


Après mon entretien, je suis sorti faire mon compte rendu au manager. Une fois de plus je ne puis dévoiler cette conversation ici, mais à ses mots, j’ai senti que nous ne partagions pas le même diagnostic sur mon problème et a fortiori les mêmes solutions. Il flottait donc dans ma tête comme un parfum de ‘Tu viens de perdre ton pari’. Déjà que j’étais dans le doute sur ma capacité à imposer un deal à un grand boss, si je ne pouvais compter sur mon manager pour m’appuyer, c’etait clairement la fin.
Pendant les 2 semaines et plus qui ont suivi, je levai les yeux vers le Ciel: point de Colombe ; aucune manifestation de l’Esprit, point de signe venant des cieux.

‘Boss, I have REALLY got something to tell you: Goodbye!’


 Après un court moment de réflexion, des absences répétées et de plus en plus croissantes du lieu de service, c’était définitivement le chant du cygne. Devant la dégradation de la situation, j’ai écrit un message personnel à mes principaux encadreurs au travail et le lendemain je suis venu pour actionner le processus sans autre forme de procès.
Le département des ressources humaines a été mis à contribution et nous avons décidé d’un plan de passation de services avec mes collègues de l’unité. Je me suis rendu disponible pour aider les autres à mieux comprendre mes tâches habituelles et leur partager ma modeste expertise sur mes produits.
J’ai eu des entretiens finaux avec différents niveaux hiérarchiques, ils ont chacun exprimé leurs regrets de me voir partir, et m’ont donné leur bénédiction et des recommandations importantes pour la suite de ma carrière.

Goodbye Team


Considérant d’abord la collaboration professionnelle comme une expérience humaine, je me suis fait le devoir de communiquer à chacun des membres de mon unité les raisons profondes de mon départ. Je ne voulais pas d’ambiguïté, et surtout il fallait que mon aventure puisse éventuellement les aider pour le reste de leur séjour dans la maison.
Nous avons eu un diner d’Adieu vraiment décontracté et j’ai eu grand plaisir de voir l’image de cette équipé beaucoup moins tétanisée qu’elle en avait l’habitude.

Goodbye Yello Family!


Au-delà du diner en équipe, j’avais tenu à convier toutes les unités avec lesquelles j’avais interagi pendant mon séjour pour dire officiellement ‘Au revoir’ et formuler mes remerciements. En entrant dans cette compagnie, j’avais cette ferme conviction que les relations humaines étaient plus importantes que les relations professionnelles. Je n’avais pas changé, je n’avais pas changé d’avis non plus.
Ainsi donc, nous bûmes et mangeâmes à satiété, y compris les fameuses brochettes de poisson pané de Bonifacios que j’avais rendu populaires au sein de tout le bâtiment. Nous nous sommes dit Au revoir de la plus belle des manières : de commun accord mais avec quelque remord.

‘Welcome To The New World!’


Pour vous dire à quel point la ‘séparante’ fut joyeuse, peu avant mon départ, j’ai été très fortement recommandé à une entreprise en tant que consultant en Product Management.
J’ai immédiatement commencé à travailler avec eux et nous somme tombés d’accord sur une méthode de travail basée sur un chronogramme. En peu de temps, l’espace d’une transition, je suis donc redevenu maître de mon emploi du temps, totalement libre d’initiative sur les produits de cette entreprise (en tant que consultant principal) tout en maintenant un certain niveau de vie.
Apres 2 mois et demi de travail avec eux, nous étions rendus en Décembre, mariage de ma grande sœur en vue. J’en ai donc profité pour solliciter une petite trêve, histoire d’envisager ma nouvelle vie d’homme libre juste après. Nouveau voyage pour New-York donc au milieu du mois, 30 jours pour aller faire le beau avec son costume de garçon d’honneur, prendre une cavalcade de Photos et remplir sa page Facebook.
Séjour magnifique (malgré la rudesse de l’hiver) : pas de délestages, pas de coupure d’eau, pas de mototaxi, les gens super-sympas… Tout ça avec la perspective de rentrer après au pays bosser avec des horaires de grand patron, gagner l’argent, commencer à faire des plans de vie dans le plus grand des calmes. Bref, en mode ‘Life is Good!’

‘Welcome To The REAL World!’


L’histoire aurait pu se terminer au paragraphe précédent. J’aurais alors été entrain de vous parler, du haut de ma réussite after-MTN, des clés du succès pour les ‘suiveurs’ que vous êtes (Référence au thème des suiveurs de @MessyDawn). Mais non, la vie n’est malheureusement pas aussi linéaire.
Peu de temps après mon arrivée à NY, je reçois un appel du Cameroun :
  • Elle: Allo Charles ? Tu es bien arrivé?
  • Moi: Oui, très bien. Il fait un peu froid, mais je m’y attendais
  • Elle: J’ai une bonne nouvelle a t’annoncer..
  • Moi: Je ne t’ecoute pas tres bien
  • Elle: On va avoir #$^&^& BB
  • Moi: Tu dis quoi ? J’entends pas…
  • Elle: Je dis que tu vas #$^()(&


Est-ce qu’elle vient juste de m’annoncer ce que j’ai cru comprendre ?????!!!! Wow !

Bref, Welcome To The Real World, Charles!

Allez, A la prochaine!
@charlyscott237



P.S: J’aimerais dédier ce billet à deux lectrices Manuella et Murielle qui m’ont motive a poursuivre ce partage, ainsi que Pierre Christian, Gaetan et Arnaud qui m’ont motive aussi (meme si c’était de manière un peu moins subtile :)).

3 comments:

  1. Félicitations Futur Papa leader...

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  2. Ah ben félicitations le papoune. Pour le reste, very interesting, on attends la suite. Décicément de la belle matière pour un bouquin.

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