Friday, November 6, 2015

Episode #2: 1 an après… Bilan et Perspectives



Chers Lecteurs,


Bien longtemps que je ne vous ai plus écrit, malgré les rappels pressants que je n’ai cessé de recevoir de votre part sur les réseaux sociaux et en dehors. Je dois m’excuser (une fois de plus), mais en avouant cette fois que cela a été fait à dessein. Je m’étais formulé ce raisonnement: après une période de transition où il a fallu partager avec vous mes motivations pour l’entreprenariat et crever au passage l’abcès de mes frustrations passées, il fallait très rapidement se tourner vers le futur. En effet, ceux qui me connaissent en privé savent que je ne suis pas homme à ressasser sans cesse les occasions manquées du passé ; j’aime d’avantage à envisager l’avenir et me donner tous les jours les outils pour parvenir à mon idéal de réussite sociale. De plus, il y a ce magnifique cadeau que Dieu m’a gracieusement accordé entre-temps: mon (mignon) garçon. Il constitue sans aucun doute l’une de mes principales sources de motivation aujourd’hui. Il a été une raison supplémentaire/suffisante pour moi pour me tourner résolument vers l’avenir.
L’avenir, de mon point de vue, signifiait: formaliser l’entreprise du point de vue administratif, se doter rapidement d’un portefeuille de produits pour celle-ci, mettre ces produits sur le marché et commencer à produire un revenu. A dire vrai, je m’étais personnellement promis de vous écrire encore seulement au moment où toutes ces étapes seraient complètement achevées. Ce jour, même si ces étapes ne sont pas toutes franchies, il m’est paru intéressant, quasiment 1 an jour pour jour après le début officiel de mon aventure, de partager quelques 5 leçons importantes apprises jusqu’ici.

Vivre sa foi et sa passion


En fait, quand j’ai commencé cette aventure, au vu des contraintes nombreuses qui s’annonçaient, l’horizon était loin de ressembler à un boulevard (voir billet précédent). Je pense avec du recul que j’avais même quelques raisons d’être inquiet quant à mon avenir. Les 2 principaux éléments qui m’ont donné cette relative quiétude jusqu’ici sont ma foi (catholique) et ma très grande passion pour la musique.

La Foi


Chez nous les Chrétiens catholiques, il y a une race très répandue de personnes dont la régularité à la Messe est directement liée à l’intensité de leurs problèmes. Quand tout va bien, on traine un peu des pieds pour se rendre au culte Dimanche, mais quand les problèmes viennent à s’amonceler, on enchaîne Chapelets et Neuvaines avec tous les livres qu’on nous propose à la sortie des messes (en semaine et le Dimanche). Je dois avouer que je n’ai pas toujours échappé à ce cercle très ouvert par le passé. D’autant plus que, lorsque j’étais salarié, je pensais d’avantage à ma semaine de travail à venir plus qu’autre chose le Dimanche. La relative disponibilité liée à ma situation nouvelle m’a donné l’occasion de redécouvrir la beauté des Saintes Ecritures et le plaisir de méditer ces paroles ; ce plaisir que je n’avais probablement plus ressenti depuis mes cours de préparation aux sacrements de Communion/Confirmation. J’ai d’ailleurs relu ce commandement simple et magnifique (que j’essaie depuis lors d’appliquer dans toutes les péripéties de ma vie): Aimer Dieu et Aimer son prochain. Que tout acte que je pose (décision que je prends) dans ma vie personnelle et ma vie professionnelle contribue à témoigner de mon amour pour Dieu et/ou mon prochain. Il y a également cet autre parole inspirante et lourde de sens qui rappelle que les oiseaux dans le ciel ne sèment ni ne moissonnent, mais le Seigneur leur donne chaque jour de quoi vivre. A combien plus forte raison nous les Hommes qui sommes au sommet de l’œuvre de la création?

La Musique


Un peu en deçà de la Foi, il y a cette passion assumée pour la musique. S’il est vrai que je suis mélomane depuis fort longtemps, j’avoue n’avoir jamais autant écoute de musique, lu (parfois écrit) et partagé d’articles de blogs spécialisés, rencontré ou aidé des artistes locaux qu’au courant des mois derniers. J’ai pris beaucoup de plaisir à le faire et la musique est demeurée mon premier compagnon d’aventure. Sans trop aller dans le détail de mes choix musicaux, je citerai juste cet Album /Compilation de mon artiste préféré Nas (Lost Tapes – Annee 2002) que je recommande à tout fan de musique Urbaine/Hip Hop en quête de motivation. Les mélodies, les textes, la voix de l’artiste ont véhiculé chez moi une telle dose d’espoir et de réconfort tous ces mois que je ne peux plus faire 2 jours sans écouter au moins les titres «My Way » et « Nothing Last Forever » (de cette compilation) ou « Still Dreaming » du même artiste en collaboration avec Kanye West (Album Hip Hop is Dead, Annee 2006).
Toujours dans le registre de ma passion musicale, dès les premiers mois de mon aventure, je me suis assez vite proposé d’animer une chronique hebdomadaire sur les nouveautés Hip-Hop US chez Brice Albin (le célèbre animateur Radio jeune de Douala). Le but pour moi était d’offrir une plus-value à l’émission de cet ami, et surtout de faire à temps partiel une activité qui me sorte de ma routine d’Ingénieur. Il me fallait quelque chose de plus ludique pour mon équilibre psychologique. C’était un peu ma manière de prendre ma revanche sur mon Histoire récente (voir billets précédents). Je dois avouer que beaucoup de personnes autour de moi ont (ouvertement ou sous cape) critiqué ce choix, soit par incompréhension, soit par simple condescendance vis-à-vis des métiers du divertissement. A ceux-là, j’aimerais simplement leur dire avec honnêteté que Brice Albin est probablement plus épanoui dans son métier / sa vie que la grande majorité des hauts-cadres que j’ai rencontré au Cameroun et ailleurs pendant mon parcours professionnel. Mais, comme il parait «enviable » dans notre environnement national de travailler pour des entreprises de renom (les bureaux climatisés), même si c’est pour s’y faire lessiver comme de vulgaires chaussettes sales pendant 8 heures de temps (le 1/3 de sa Vie J), c’est en effet difficile à envisager que quelqu’un puisse s’épanouir en participant à une émission Radio. Je ne vous en veux pas. Sachez juste que je n’ai donc pas changé, et je n’ai pas changé de métier non plus.
Pour rester honnête, je pense vivre actuellement les moments les plus épanouis de toute ma carrière professionnelle. Cela devrait nous donner à réfléchir sur le sens réel que nous donnons chacun a notre bonheur personnel. Est-on seulement heureux en ayant un emploi bien rémunéré auquel on consacre 8-10h chaque jour, parfois sous des contraintes psychologiques à la limite du tolérable ? Combien de temps nous reste-t-il pour réaliser nos rêves (le dessein de Dieu), savourer les moments délicieux de la vie (sachant qu’il nous faut également dormir 8h et passer 1-2h dans les transports par jour)? Vaste sujet…

Se donner des objectifs.


La seconde grande leçon que je pense avoir apprise est celle de formuler ses objectifs et de se donner un horizon raisonnable pour les réaliser. Le péril parfois avec la liberté est la tentation de ne pas se donner d’objectifs clairs. On se projette parfois vaguement, tout en se disant intérieurement «même si ça ne marche pas, j’ai encore le temps ». Résultat : tendance à la procrastination, le temps donnant l’impression trompeuse de passer moins vite pour soi que pour les autres.
Avec des objectifs clairs et limites dans le temps, on dispose de fait d’un repère fixe qui permet de se motiver soi-même et de pouvoir communiquer de manière crédible sa vision à un éventuel partenaire ou une connaissance qui souhaite participer moralement, matériellement ou financièrement à votre aventure. En effet, pensez-y une minute : Comment paraitre crédible aujourd’hui devant quelqu’un à qui vous avez dit 5-6 mois plus tôt : «Mon logiciel-là arrive très bientôt » et à qui vous ne pouvez exhiber la moindre esquisse de produit?
Heureusement pour moi, fort de cette démarche, j’ai aujourd’hui des choses concrètes à proposer au marché local et je suis déjà prêt à me jeter à l’eau.

La discipline (usage du temps, fréquentations)


En troisième lieu, quand vient le temps de l’exécution du plan qu’on s’est fixé, il faut absolument de la rigueur pour aboutir au résultat. C’est probablement sur ce point que la plupart de nous, jeunes entrepreneurs, avons les plus gros risques d’échec. Il y a beaucoup de distractions qui viennent avec la liberté et l’auto-emploi :
·         Les amis malveillants qui ne cessent de te demander avec sarcasme : «Ton affaire-là est déjà à quel niveau ? » tout en priant que tu fasses du sur-place. Ces gens qui sont «en haut » mais veulent systématiquement te voir « en bas », selon le dicton « Il ne suffit pas d’être heureux ; encore faut-il que les autres ne le soient pas ». Il faut les éviter.
·         Les amis du Bar, ceux-là qui te disent : «Gars, allons prendre une » ou «Il n’y a pas une ? » tous les jours de la Vie alors qu’ils n’ont pas forcément les mêmes objectifs/motivations/contraintes que toi. Il faut savoir décliner des invitations également.
·         Les personnes «sans-intérêt». Avec les nombreuses contraintes de temps et les responsabilités multiples, j’ai dû opérer un filtrage méticuleux de mes fréquentations. Il ne s’agit pas de cupidité, ou de ne contacter que ceux qui peuvent vous rendre service, mais d’avantage de la qualité des personnes et du temps qu’on leur consacre. Il y a des gens dans votre entourage qui n’ont pas forcément besoin d’autant d’attention que celle que vous leur en accordez habituellement et parfois il faut pouvoir trancher sec pour ne pas compromettre son énergie inutilement.
A titre personnel, j’ai pris l’option de m’entourer essentiellement de personnes qui m’inspirent, qui traversent des difficultés voisines aux miennes, qui me permettent de passer du temps de qualité ou qui me motivent dans mon aventure de par leur succès.
Sur le plan de la gestion du temps de travail, ma recette est plutôt simple : chaque jour qui passe, je veille à faire avancer de manière raisonnable chacun de mes projets en cours, de telle façon qu’à échéance fixée, je sois arrivé au bout de mes peines. C’est l’essence du proverbe chinois que me rappelle régulièrement mon père : « Si tu as 1000 KM de chemin à parcourir, et que tes jambes te permettent d’en faire 1 par jour, lances-toi, car au bout de 1000 jours tu seras arrivé». Formulation plutôt anodine mais très grande leçon de vie quand on a des moyens limités!

Echanger et Rechercher sans cesse les opportunités


En tant que jeune entrepreneur, la liberté (qui peut facilement dériver en oisiveté) est une véritable opportunité. Ceci se vérifie un peu plus pour le Product Manager que je suis (par essence à la recherche permanente des opportunités de produit). Le fait de pouvoir longuement échanger et socialiser sur les réseaux sociaux et en face-à-face avec le grand public est la plus grande source d’inspiration pour moi actuellement. Au-delà des nombreuses amitiés que l’on arrive à tisser, ces interactions nombreuses m’ont permis également d’observer des comportements/besoins qu’aucune étude de marché n’aurait pu formuler aussi clairement dans mon esprit. Loin de moi l’idée de dire que vous n’êtes que mes cobayes sur les réseaux sociaux. Bien au contraire, j’ai fait de très belles rencontres sur les réseaux sociaux, et j’y ai passé beaucoup de moments fort-agréables depuis le début. Apres il n’en demeure pas moins vrai que les réseaux sociaux sont un champ formidable d’expérimentation pour la conception d’un produit « Grand public ».
Toujours dans le cadre de la recherche d’opportunités, j’ai également pu intégrer progressivement la communauté « Digitale » de Douala où j’ai découvert des évènements encourageants et plutôt bien structurés comme « Digital Thursday » ou « Kaymu Entrepreneur Club ». C’est le lieu de noter qu’il y a une vraie émulsion dans le domaine du Numérique au Cameroun, mais une meilleure structuration des efforts et une mise en relation plus étroite avec les grandes entreprises rendrait moins difficiles la mise sur le marché de solutions locales adaptées. Il est encore très pénible aujourd’hui de proposer un produit à une entreprise de renom.
Enfin, il importe de signaler que malgré ce qu’il parait, il existe un bon nombre de mécanismes d’accompagnement pour les jeunes entrepreneurs (les concours de Projets surtout). Il est vrai que les opportunités de financement les plus intéressantes restent les initiatives internationales, mais il demeure que beaucoup de petites initiatives locales existent pour ceux qui font l’effort de chercher et rester en contact avec la communauté.

Adversité et Audace


La dernière leçon (la plus grande de toute) que j’ai apprise est la résilience face à l’adversité. De même qu’il est nécessaire de mourir pour monter aux cieux, il est nécessaire et incontournable de traverser des périodes très dures sur le chemin du succès. Cela veut dire plusieurs concours où on échoue lamentablement devant une concurrence bien moins expérimentée, se faire désagréablement tourner en bourrique dans une entreprise où vous venez faire une offre de services qui vous a couté des nuits entières de réflexion. Sur ce dernier aspect en particulier, je dois dire que j’ai vécu mon premier choc face à la réalité. Avoir cette chance de venir présenter une solution à une société de micro finance ayant pignon sur rue, devant un panel essentiellement jeune, et constater comme une insensibilité à l’innovation. Je ne doute pas de ce que ce panel ait perçu une certaine pertinence dans le produit ; bien au contraire, tous semblaient d’accord sur son opportunité. Ce qui m’a d’avantage frappé, c’est la négligence qui a caractérisé la suite du processus: le black-out total, aucune communication claire sur la suite de la procédure d’adoption. Ce n’est pas faute d’avoir relance maintes fois ou d’avoir sollicité d’autres rencontres. J’aurai tellement préféré un simple « non » ou « pas intéressés » de leur part, afin de pouvoir consacrer mon énergie à autre chose, hélas… Cela m’a amené à comprendre qu’au-delà de la barrière technologique, il existe une grande barrière psychologique chez nos entreprises en ce qui concerne l’innovation et la gestion professionnelle des relations avec des partenaires potentiels. Contrairement aux idées reçues, ceci n’est malheureusement pas le seul lot des anciens/vétérans proches de la retraite dans les entreprises. Plusieurs jeunes, familiers des technologies nouvelles, n’ont juste pas l’audace d’oser ! Ils sont des fonctionnaires du secteur privé, qui se contentent de gérer le patrimoine informatique existant. Dommage, on est tenté de conclure. Occasion manquée.
Toutefois, un entrepreneur digne de ce nom ne saurait s’arrêter face à ces échecs, il a fallu continuer de créer, élargir le spectre de clients et partenaires possibles et changer parfois la manière de les approcher. Avec l’aide de Dieu et à force de persévérance, d’autres opportunités sont arrivées, et le futur proche devrait être plein de bonnes nouvelles. Restez connectés.

Voilà donc ce que j’ai souhaité partager avec vous en ce jour anniversaire, en attendant de publier le prochain billet où, je l’espère, les premières bonnes nouvelles seront annoncées, et les fruits de mes efforts quotidiens commenceront à véritablement être récoltés…


Allez, A bientôt…

10 comments:

  1. Tu viens de convertir une grande prêtresse de la procrastination! Je me remet à mes projets. Pas demain non, ce soir!
    Merci Charly!

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  2. Merci de partager ces belles leçons et surtout avec une main d'écriture digeste qui tient en haleine le lecteur. Tu pourrais écrire un livre.

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  3. Merci du partage Charly. De grandes leçons effectivement. Et merci encore pour la playlist.

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  4. Brave homme!

    Beaucoup de succès, je te souhaite. Que la Force soit avec toi! ;)

    L.A.M

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  5. Je te remercie pour l'idée que tu as eu de nous partager ton expérience. Te lire a été pour moi très instructif et révélateur. Quoique difficile pour les entrepreneurs, notre pays est un océan rouge où tout est à faire. Grâce à des jeunes comme toi qui non seulement osent mais aussi se donnent le temps d'arriver à leur destination finale, j'ai bon espoir pour l'Afrique de demain. Un Monsieur qui 20 ans d'expériences en entrepreneuriat a dis ceci récemment "l'entrepreneuriat ne s'apprend pas à l'école mais dans la pratique" . Alors oser est une bonne pratique, le plus important comme j'ai l'habitude de le dire n'est pas le résultat mais c'est d'avoir au moins essayer. Beaucoup de courage et que l'Éternel te bénisse toi et ta famille et vous comble de grâces.

    PS: puis-je avoir ton contact dans le cadre d'un projet je pourrais recourir à tes services. Merci.
    Gwladys (wirvine255@gmail.com)

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  7. Merci pour ce partage c'était trés enrechissant. J'ai bien savouré Du 1er ou dernier billet et j'espère qu'à ce jour tu es trés epanouis Dans la voie que Tu as entrepris.

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