Sunday, February 22, 2015

Episode #1: Séparation à l'amiable.(1ère partie)

Chers Lecteurs et Lectrices,


Je ne pourrais commencer ce billet sans vous dire un très sincère "Merci" (du fond du coeur) pour le succès très inattendu du billet précédent. Vous étiez en effet plus de 400 personnes distinctes à l'avoir lu (et souvent relu), y compris dans des pays que je n'aurais guère soupconné (26 vues en Indonésie...)! J'avoue ne pas savoir quelle est la moyenne de visiteurs pour un blog au Cameroun, mais les statistiques susévoquées ont véritablement dépassé mes espérances les plus optimistes; comprenez donc mon émotion. Je remercie enfin mes anciens collègues (supérieurs hiérarchiques en premier) pour la manière très constructive dont ils ont accueilli les réflexions que j'ai partagées précédemment; preuve, s'il en était encore besoin, que l'esprit de 'Complete Candor' est une réalité parmi les employés MTN Cameroun.
Le présent billet est un résumé des différents évènements qui ont eu lieu entre ma décision personnelle de démissionner et mon départ effectif de l'entreprise. Pour des raisons évidentes de courtoisie et élégance, je ne livrerai aucune révélation extraite des différents échanges privés que j'ai eu tout au long de ce processus...

'Bon, quand tu as décidé de démissioner, Tu as demandé conseil avant? Tu as demandé conseil à qui?'


Deux questions centrales qui, à n'en point douter, ont dû vous tarauder l'esprit à la fin du billet précédent. Sans craintes soyez; nul doute que je me fusse posé la même question à votre place.
Au vu de la lourdeur de la décision, vous imaginez bien que de multiples consultations se sont imposées (chacune ayant son objectif spécifique).

Les premières consultations

Le frère jumeau


L'avantage d'être jumeau réside dans le fait d'avoir en permanence à disposition, quelqu'un qui vous ressemble physiquement en tous points, mais qui envisage la vie sous une toute autre perspective que la vôtre. Serge (l'autre moi) est donc logiquement la première personne que j'ai consultée.
Nous avons eu une très longue conversation au bon milieu de la nuit (décalage horaire obligeant); conversation au cours de laquelle j'ai exposé à la fois ma situation et mes intentions du moment. Après avoir posé un foisonnement de questions, ses observations et remarques finales ont surtout porté sur 3 nécessités essentielles:
  1. Exposer la situation (mon malaise) à mes managers; cela permettrait non seulement de vérifier que la situation n'est pas uniquement conjoncturelle, mais aussi d'envisager d'éventuelles mesures correctives si besoin en était.
  2. Evaluer très précisément l'opportunité de lancer une éventuelle activité propre, ainsi que les investissements nécéssaires (temps, argent, procédures, recherche clients...) avant d'entamer le processus.
  3. Prendre si nécessaire un congé pour faire le point avec suffisamment de recul.
Il a rajouté pour terminer: "You are a grown man, so you decide. Whatever you feel is better for you, i'll still be your #1 fan!". Very strong words!

Le meilleur ami


A la différence de la famille (qu'on ne choisit pas forcément), on choisit bel et bien ses amis. Parmi ceux-ci, il y a celui-là. Celui-là qui me connaît bien, très bien, trop bien même je dirais; tellement bien qu'il est capable de me dire, dans tous types de situations, si je réagis simplement sur le coup de l'humeur ou si ma décision semble mûre. C'est un peu mon gourou, pour parler en termes messianiques... Dieu sait qu'il en faut dans ce type de situations.
Après lui avoir exposé la situation, il me tint à peu près ce langage; "J'ai bien observé à quel point le travail s'est emparé de ton temps depuis bientôt un an. Tu me sembles très déterminé. Saches donc que, quelle que soit ta décision finale, je te soutiendrai.". Strong words again!

Le mentor professionnel


Après l'étape des proches (dont j'avais gardé les observations dans un coin de ma tête), il a fallu alors élargir le cercle à quelqu'un qui soit connecté à mon environnement professionnel direct, mais avec lequel j'avais une relation assez personnelle tout de même. Je n'avais certes plus de superviseur direct (poste vacant), mais j'avais la personne indiquée pour l'exercice; il m'avait longtemps tenu la main pour mon intégration dans l'entreprise, un aîné dans le métier et une personne dont j'admirais l'intelligence et la réussite professionnelle. Un 'role model' disent les Américains.
Après lui avoir fait un exposé clair de la situation et mes intentions, il m'a mis en garde contre la tentation de tout plaquer en période de baisse de performance (en prenant exemple sur sa propre personne). "Parfois, quand on se fait 'ramasser' (entendez engueuler publiquement) plusieurs fois d'affilée sur 30 jours, il y a en effet cette tentation facile de baisse les bras" m'avait-il concédé. "Il faudrait t'assurer que les raisons qui te motivent à partir vont bien au-delà de ce sentiment passager" avait-il alors ajouté en substance. Ensuite, il m'a clairement et fortement recommandé de rester, de m'accorder encore plus de temps pour la réflexion (et éventuellement remonter la pente). Après avoir poursuivi sur des exemples de personnes brillantes qui m'ont précédé sans grand succès, et face à ma relative détermination, il me suggéra en dernier ressort de contacter ces quelques aînés qui ont suivi pareil chemin. Je sentais bien dans ses propos un mélange de: 'Fais bien attention aux conséquences de ta décision mon petit', 'On a encore vraiment besoin de toi ici', 'T'en vas pas, reste là'. J'avoue que cette invitation explicite et insistante à rester (frôlant le romantisme) ne m'était point désagréable; c'était bien le signe en effet que, malgré ce manque réel d'engagement au travail, je conservais encore quelque valeur.

L'aîné entrepreneur


Contrairement aux précédentes, ma conversation avec mon aîné entrepreneur a duré moins longtemps. En grande partie parce que sa position et la différence entre nos expériences ne permettaient pas forcément d'échanger d'avantage. En effet, il n'avait pas forcément l'expérience du marché des télécommunications (Services à Valeur Ajoutée - SVA) dans lequel je me projetais; il n'avait pas non plus accès aux données précieuses dont je disposais sur les opportunités de SVA (en tant que partie prenante de la nouvelle stratégie VAS à MTN Cameroun). Je l'avais surtout choisi car il était un aîné Ingénieur assez proche, qui avait également quitté le luxe de son boulot de l'époque pour aller 'au charbon', et qui était plutôt sorti du lot en se construisant une certaine réputation. Il me souvient d'ailleurs qu'à l'époque de sa démission, j'avais personnellement critiqué cette décision, la trouvant irréfléchie; comme quoi le karma existe (pour rester dans le vocabulaire messianique)...
Concernant notre échange donc, même s'il est resté très focalisé sur son cas précis, ce qui m'est paru pertinent de retenir est la nécessité de disposer d'un important investissment initial; question de pouvoir construire des solutions logicielles suffisament robustes pour un usage professionnel (grand public).

Les parents


Après avoir recueilli tous les avis précédents, il a fallu passer par la case 'Parents'. L'objectif ici était surtout de tâter le terrain, car je ne me faisais aucun doute sur l'avis des deux parents. Pour des questions de pure forme, j'ai donc évoqué simplement le projet d'entreprise imminent; la réponse attendue m'a été servie: OUI pour l'entreprenariat, mais NON pour la transition brutale!
N'étant guère surpris, je m'en suis allé comme j'étais venu: sans amertume aucune. C'est quand même déjà une grâce d'avoir des parents qui, ni ne vous demandent partie de votre salaire pour résoudre leurs problèmes, ni ne vous découragent d'opérer la transition du salariat à l'entreprenariat.

Tu as consulté, consulté... Tu t'es alors finalement décidé comment?


Après cette première vague de consultations, j'ai pris le temps de la synthèse, seul dans ma chambre, car quand on a 27 ans on doit être capable de faire des choix assumés sur la base d'avis pertinents ('informed decisions' disent les anglos-saxons).
Au cours de cette réflexion, j'ai repensé à mon mentor, à ce qu'il ma dit. Ce serait quand même un peu lâche de prendre la porte sans avoir usé toutes les voies de recours. De voie de recours, il y en avait une, justement: mon congé annuel. En plus, cette voie rejoignait plutôt ce que l'autre moi (Serge, le jumeau) m'avait également suggéré.
J'ai ainsi décidé de surseoir à mon projet jusqu'à ce que j'aille tranquillement en vacances.

Le congé annuel comme solution intermédiaire


Ayant sursis à mon projet de 'liberté', j'ai remis les gaz au travail 'normalement', ayant en horizon ce fameux congé qui ne se trouvait plus qu'à quelques semaines. Mais qu'elles furent longues et épuisantes ces semaines avant le congé! J'étais tellement essoré psychologiquement (et impatient de prendre ma trève) que j'avoue avoir sérieusement bâclé mon handover. Le contexte du moment (connexion des nombreux partenaires SVA) n'était pas pour faciliter les choses non plus. Toutes mes excuses encore à mes amis de l'équipe qui en ont souffert (doux euphémisme).
Bref, dans des conditions fort rocambolesques, j'ai pris congé de mes collègues; j'ai pris mon congé! 1 mois entier aux Etats-Unis en plein été, avec la famille. 30 jours loin de toute cette course de vitesse permanente, de cette pression psychologique permanente. Ce voyage est d'ailleurs celui où j'ai probablement fait le plus de shopping et sorties, question de vraiment 'déconnecter', évacuer le stress et revenir neuf comme le premier jour. A ce propos, il faudrait que je songe à revendre quelques articles de ce voyage-là, le chômage devenant déjà un peu persistant de mon côté... (petite pointe d'humour).
Donc, au total, grâce à d'incessantes navettes entre les magasins Macy's, NorthRom, Burlington (et bien sur Downtown Manhattan pour les bons deals...), je n'ai perdu aucun de ces moments de liberté. "L'argent c'est de l'eau" (pour paraphraser la chanson populaire) serait un parfait résumé de ce séjour.
Il y eut 30 matins, il y eut 30 soirs, ce furent mes vacances.

Fin de la trève et... Rebelotte!


Après ce vrai bol d'air frais, je suis revenu neuf et tout requinqué. Surtout, j'avais retrouvé ma bonne humeur; j'avais en plus cette jovialité et cordialité maladives qui caractérisent en général le voyageur qui revient fraîchement d'un long séjour en occident: 'Hey...', 'Hi...', 'Pourquoi tu m'as l'air tendu la? Relax... Chill man!'. Au bout de 2 semaines après ma reprise, j'avais même fini par me convaincre que les autres devaient avoir raison. C'était sûrement la fatigue et le stress qui m'avaient amené à mal évaluer la situation. 
Malheureusement, dès la troisième semaine, tout a recommencé. Le gène de la nervosité ambiante est redevenu dominant et celui de la gentillesse s'était complètement envolé. je ne saurais dire exactement ce qui est arrivé, mais ce dont je suis sûr c'est que tout est redevenu exactement comme avant: les courses folles après les délais, les choses lancées 'vite-vite' (pour parler un peu trivialement), l'amertume, le sentiment que la véritable révolution/innovation n'aura vraiment pas lieu. 
Ainsi, j'ai rapidement recommencé à dévisser, multipliant des fautes de laxisme (parmi lesquelle deux que je considère avec du recul comme des échecs majeurs et mémorables). Je m'en rendais compte, mais cela ne faisait plus vraiment partie de mes priorités majeures. J'avais compris un peu plus tôt déjà que ma première intuition avait été la meilleure. Je n'avais plus qu'un seule chose en tête: soigner ma réputation avant de partir i.e. préparer la sortie. Ceci incluait:
  1. Jouer franc-jeu avec la hiérarchie, et surtout ne pas 'renverser la table'  (pour emprunter une expression chère à mon chroniqueur préféré - Alain Duhamel) i.e. s'en aller avec fracas.
  2. Achever des chantiers (produits) que j'avais entamés ou particulièrement soutenus jusqu'alors.
  3. Initier progressivement d'autres personnes (les temporaires notamment) à mes produits car mon dernier souhait eût été que des 'mains indélicates' ne viennent tuer tous ces efforts de construction par simple ignorance.
La prochaine étape était donc fixée: il fallait rencontrer sans attendre mes différents supérieurs hiérarchiques pour leur annoncer mon intention de partir, dussé-je passer pour celui que le travail a dépassé.

Pour votre confort de lecture, la suite sera disponible dans le prochain billet (Mercredi 25 Février au plus tard).

Allez, A bientôt!
@charlyscott237

P.S: J’aimerais dédier ce billet à celle qui m'a formé  et appris le métier de Product Management ainsi que mon mentor qui a beaucoup influencé mes choix sur le plan professionnel. Je sais quelle est l'humilité qui les caractérise, je ne les nommerais donc pas... Ils se reconnaîtront!


4 comments:

  1. (La connexion Wimax de MTN s'est coupé pendant que je postais mon comment à ton post :( suis obligé de résumer)

    Bravo pour les révélations, je vois que tu as savamment omis les noms des individus, bien que ton style soit très personnel. C'est bien mieux ainsi.

    Une idée: Un livre en anglais "Why did I quit the best employer of my country?", en auto-édition, et tu auras les investissements que tu cherches :)

    A te lire bientôt.

    ReplyDelete
  2. J'ai aimé te lire. Faire part de tes émotions/sentiments nous fait comprendre/ressentir ce que tu as vécu à ce moment. Sinon le fait de consulter ses pairs, son entourage et prendre du recul montrent que tu as mûrement réfléchi avant de prendre ta décision. Bref j'attends la suite.

    ReplyDelete
  3. Mbom laisse même les marabout toi aussi, consultation à gauche consultation à droite, Ekiee je suis sur que la boule de cristal a explosé.plus sérieusement, c important d écouter les avis de certaines personnes mêmes quand on est pas sur la même longueur d onde, sa aide s'ouvrant a améliorer son angle d approche.mais tara tu n est pas aussi passé par food market a bamenda, le atchu (taro pille) t aurai peut être donner d autre idées

    ReplyDelete
  4. Loool. Je me revois.. Ecouter les uns et les autres est important, mais le plus important c'est s'écouter réellement. En tout cas, style d'écriture très sympa

    ReplyDelete